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LE PORTAGE DES REPAS A DOMICILE

Le portage de repas à domicile pour les personnes âgées concerne aujourd’hui quelques 80 000 personnes. Un secteur en forte progression, récemment du fait de la crise sanitaire à la Covid19 avec son corollaire de mesures sanitaires et plus généralement en raison du vieillissement de la population, de la hausse du nombre de seniors en perte d’autonomie ou encore de la réduction du temps de séjour hospitalier.

Au cours de sa thèse, Ségolène Fleury, doctorante INRAE, a interrogé la place et le rôle des services de livraison de repas à domicile dans l’alimentation des personnes âgées et plus exactement dans la prévention de la dénutrition, une pathologie reconnue qui résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins nutritionnels. L’objectif : caractériser la population âgée qui bénéficie d’un portage de repas à domicile en France et évaluer comment améliorer ce service au bénéfice de l’état nutritionnel des personnes.

Quand un service de livraison de repas se met en place dans la vie des séniors

Comme le montrent des entretiens réalisés auprès de bénéficiaires d’un service de livraison de repas, la mise en place de ce service faisait souvent suite à une perte de capacités fonctionnelles qui limite la capacité des personnes à faire leurs courses. Pour certains, l’installation de ce service est une étape dans l’ajustement progressif des aides aux besoins de la personne, pour d’autres c’est plus soudain, souvent à la suite d’une hospitalisation. Le contexte de vie de la personne âgée et la présence de proches influencent cette dynamique, De fait, l’implication effective de la personne dans l’installation de ce service varie beaucoup d’une personne à l’autre, entre « Je ne peux plus faire » et « cela facilite mon quotidien », ce qui peut influencer la perception des repas reçus.

Comportement alimentaire et statut nutritionnel des bénéficiaires

Bien que la mise en place d'un service de repas livrés à domicile permette souvent aux personnes âgées souffrant d’incapacités physiques et/ou cognitives de rester à domicile, celles qui délèguent leurs activités alimentaires ont généralement un statut nutritionnel moins bon que celui des personnes indépendantes. Ainsi, 70 à 80 % des bénéficiaires de ce service présentent une consommation alimentaire insuffisante pour satisfaire à leurs besoins nutritionnels. Plus encore, les bénéficiaires de repas livrés à domicile sont d’autant plus exposés à un risque de dénutrition (entre 40 et 70 % selon les études) que les apports en énergie et en protéines sont faibles.

Est-il pour autant possible d’améliorer les services de portage des repas à domicile pour aider les personnes âgées dépendantes à satisfaire leurs besoins nutritionnels tout en maintenant le plaisir à manger ?

Oui comme le montre le travail de S. Fleury. Des collations ou des repas peuvent être ajoutés à l’offre initiale - les personnes recevant deux à trois repas par jour présentaient des apports et en énergie et en protéines plus élevés que celles ne recevant qu’un seul repas par jour. La qualité nutritionnelle et sensorielle des repas peut être améliorée grâce à l’apport d’aliments riches en énergie et protéines tout en tenant compte des préférences alimentaires de chacun et chacune.  Enfin, des services additionnels peuvent être proposés, qu’il s’agisse d’un accompagnement diététique personnalisé, de la possibilité de choisir ses menus ou de se faire livrer ses courses - cependant, même un service amélioré ne permet pas à tous les bénéficiaires d'atteindre leur apport nutritionnel recommandé, soulignant leur fragilité nutritionnelle.

Bien que les services de portage de repas au domicile des personnes âgées soient encore trop souvent associés à l’image négative d’une perte d’autonomie, ils présentent un intérêt certain dans la prévention et la lutte contre la dénutrition au sein de la population âgée dépendante à domicile sans oublier le lien social que les personnes âgées entretiennent avec les livreurs. Il convient toutefois, au regard de ces résultats, de développer davantage de stratégies qui permettent à ces personnes de satisfaire leurs besoins nutritionnels, notamment grâce à des produits ou des recettes à même d’enrichir efficacement les repas.

Ces travaux ont été effectués dans le cadre de la thèse de Segolène Fleury, réalisée au Centre des sciences du goût et de l’alimentation. Cette thèse a bénéficié du soutien financier de l’ANR, de l’ANRT et de la société Saveurs & Vie.

Lien vers l’article : https://www.inrae.fr/actualites/portage-repas-domicile-levier-ameliorer-letat-nutritionnel-personnes-agees-dependantes