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DES CELLULES SOUCHES POUR RÉPARER LES COEURS

L’établissement participe à un essai clinique européen ayant pour objectif de réparer les coeurs endommagés par un infarctus sévère du myocarde grâce à l’injection de cellules souches. C’est l’un des premiers CHU de France à injecter ces dernières dans le cadre de thérapeutiques cardiaques. Ce concept unique au monde pourrait révolutionner la vie des personnes concernées en leur permettant d’éviter le développement d’une insuffisance cardiaque chronique pouvant donner lieu à un traitement médicamenteux à vie et dans des cas plus sévères à une greffe cardiaque. À ce jour, au CHU Dijon Bourgogne, dans l’équipe du professeur Cottin, 3 patients ont participé à cet essai prometteur parmi une quinzaine de malades inclus en France.

Les conséquences d’un infarctus du myocarde

L’infarctus du myocarde, ou crise cardiaque, correspond à la destruction d’une partie du muscle du coeur, quand celui-ci n’est plus suffisamment approvisionné en oxygène. Les conséquences d’un infarctus sont diverses et vont de l’accident vasculaire cérébral aux récidives d’infarctus en passant par le développement d’une insuffisance cardiaque chronique. 70 % d’entre-elles sont dues à un infarctus. L’insuffisance cardiaque sévère représente un problème majeur de santé publique dans le monde.

L’étude ExCellent

L’étude ExCellent est portée par la start-up mulhousienne de biotechnologie médicale Cellprothera. L’objectif de l’étude est de reconstituer le tissu cardiaque après un infarctus grâce à l’injection d’un biomédicament constitué de cellules souches. Le traitement est dit « autologue » et exclut le phénomène de rejet, étant donné que les cellules souches viennent du patient lui-même. « Il n’y a pas de composants chimiques. Ce sont les cellules-souches du patient qui sont réinjectées. Le patient devient son propre médicament et aucun rejet n’est possible car le corps se soigne alors de lui-même » explique Matthieu de Kalbermatten, Président de Cellprothera. L’étude a pour but d’évaluer l’absence d’effets indésirables et de commencer à étudier l’efficacité thérapeutique du traitement.

Le pouvoir des cellules souches

Les cellules souches sont les cellules « mères » à partir desquelles toutes les autres cellules sanguines se développent. La moelle osseuse constitue l'usine qui les produit. Ces dernières ont la capacité de pouvoir se spécialiser en différents types cellulaires et se multiplier à l’infini. Elles peuvent former tous les organes et tissus de l’organisme. Au tout début de la vie, elles permettent le développement complet d'un être humain. Elles permettent ensuite de reconstituer nos stocks de cellules spécialisées tout au long de la vie. Les particularités des cellules souches suscitent l’espoir des chercheurs et médecins qui voient en elles le potentiel de réparer ou remplacer des organes abimés ou de traiter certaines maladies. Dans le cadre de l’étude ExCellent, les cellules souches sélectionnées sont les CD34, capables, sous certaines conditions de culture, de régénérer et de réparer le coeur lésé de patients ayant subi un infarctus du myocarde.

Les étapes du traitement

Les patients recrutés pour l’essai clinique sont tous des patients insuffisants cardiaques ayant récemment eu un infarctus du myocarde.

1. Le CHU Dijon Bourgogne injecte un traitement aux patients permettant aux cellules souches de migrer de la moelle osseuse jusqu’au sang.
2. L’équipe prélève au patient 200ml de sang.
3. Le sang est envoyé à l’Etablissement Français du Sang (EFS) de Nantes pour isoler les cellules souches CD34 qui présentent un meilleur potentiel de réparation du myocarde. L’EFS utilise un automate rare créé par CellProthera permettant de multiplier ces dernières. Cette phase dure 9 jours.
4. Les cellules souches reviennent au CHU Dijon Bourgogne conditionnées dans 3 seringues. Celles-ci contiennent en tout entre 10 et 50 millions de cellules souches.
5. Les cellules souches sont directement injectées dans la lésion cardiaque du patient à l’aide d’un simple cathéter introduit dans une artère fémorale et remonté jusque dans le coeur.
6. A l’intérieur du coeur, les cellules souches se spécialisent et deviennent des cellules cardiaques. Elles remplacent progressivement les 1 à 2 milliards de cellules cardiaques détruites par l’infarctus du myocarde.

Les avantages pour le patient

- Améliore durablement la fonction cardiaque et par conséquent la qualité et l’espérance de vie du patient
- Evite un traitement médicamenteux lourd lié à l’insuffisance cardiaque
- Nécessite une seule et unique injection
- Représente dans certains cas une alternative efficace de substitution à la transplantation cardiaque
- Diminue la mortalité
- Elimine le risque de rejet du greffon grâce au biomédicament à base des propres cellules souches du patient

Ce qu’on ne voit pas, c’est qu’il a fallu deux ans de travail pour aller des dossiers de demandes d’autorisation auprès de l’Agence Régionale de Santé Bourgogne-Franche-Comté jusqu’à la première injection de cellules souches. La participation du CHU Dijon Bourgogne à cette étude a représenté et représente encore un travail d’équipe important qui mobilise autant le service de cardiologie que l’imagerie, la pharmacie, le Centre d’Investigation Clinique, la biologie, la radiologie interventionnelle, les ingénieurs de recherche et bien sûr les patients !

Professeur Yves COTTIN, cardiologue au CHU Dijon Bourgogne

C’est une réelle opportunité pour les patients et pour nous de pouvoir participer à cette étude particulièrement novatrice. Tous les intervenants médicaux et paramédicaux sont très impliqués et motivés. Il s’agit d’un vrai travail d’équipe !

Florence BICHAT, coordinatrice d’études cliniques en cardiologie au CHU Dijon Bourgogne

En participant à cette étude, le CHU Dijon Bourgogne fait figure de pionnier et démontre une nouvelle fois sa capacité à inventer la médecine de demain. L’établissement fait partie des meilleurs CHU de France en cardiologie (11ème pour l’infarctus du myocarde au Palmarès 2020 du Magazine Le Point). Il est donc naturel que nos équipes prennent part à ces recherches sur les cellules souches qui pourraient ouvrir de nouvelles voies pour soigner les patients ayant subi un infarctus du myocarde. Les résultats préliminaires de l’étude sont très encourageants et sont porteurs d’espoir pour les nombreux patients concernés.

Nadiège BAILLE, directrice générale du CHU Dijon Bourgogne

Si les résultats de l’étude sont satisfaisants, les essais de phase III pourront débuter en incluant un nombre bien plus important de patients. En France, plusieurs établissements participent à cet essai clinique au même titre que le CHU Dijon Bourgogne. C’est le cas des CHU de Toulouse, Grenoble, Bordeaux, Montpellier et Besançon, de l’Institut Cardiovasculaire Paris Sud (ICPS) de l’Hôpital Privé Jacques Cartier à Massy ainsi que de plusieurs centres en Grande-Bretagne. Cette procédure thérapeutique est également en cours d’essai à Singapour.